Grandir avec ses enfants

Une présentation écrite par Nicole Pierre, TSTA-E

Un livre de Jean Illsley Clarke et Connie Dawson, dans la collection Hazelden « Sciences et culture » – Montréal – 1993

Le sous titre est évocateur  » S’éduquer soi-même pour mieux éduquer ses enfants »

Ce livre propose aux parents non seulement d’éduquer mais surtout d’apprendre à se connaître en découvrant ce qui leur a manqué durant leur enfance et d’éviter de reproduire ce que leurs propres parents ont fait de négatif

J Illsley Clarke et C Dawson présentent leur livre comme un guide et proposent de l’utiliser de différentes façons :

  • pour progresser dans ses échanges avec ses enfants, quel que soit leur âge
  • pour progresser dans sa façon de prendre soin de soi
  • pour évaluer la manière dont nos parents se sont occupés de nous
  • pour découvrir et panser des blessures dues à des attentions inégales de la part de nos parents

Les auteurs sont attentifs à la présentation, la compréhension, le repérage, l’intégration des points qu’ils ont choisi d’aborder

Quatre grands thèmes sont développés : la structure, le besoin d’attention, la dévalorisation et les stades de développement de l’enfant

La première partie se centre sur la structure, les règles, les normes les limites et les différentes attitudes adoptées par les parents. A partir d’une situation, les auteurs illustrent les attitudes rigide, critique, « guimauve », absente, leurs conséquences et les règles négociables, et non négociables ; puis différentes séries d’exercices invitent à évaluer son propre comportement, à s’entraîner à poser des règles, mettre des limites, négocier .etc..

Sur ce même modèle, la seconde partie est consacrée aux soins et attentions, à la nourriture affective, en différenciant l’autorité attentive, le soutien affectif, les attitudes brutale, menaçante, indulgente ou négligente

La troisième partie développe la dévalorisation, ses différentes facettes, et propose de la remplacer par la valorisation et l’estime de soi

La quatrième partie est consacrée aux stades de développement de l’enfant (chers à Pamela Levin), avec les attitudes et les comportements de l’enfant et des parents relatifs à chaque étape

On trouve en appendice des fiches pratiques, des jeux auxquels on peut se référer régulièrement

Bien que les concepts d’analyse transactionnelle ne soient cités, on les reconnaît au fil des chapitres , en particulier les états du moi, les signes de reconnaissance et les méconnaissances

J’ai surtout apprécié la clarté et le côté concret de ce livre qui s’adresse aussi bien à l’utilisateur confirmé en analyse transactionnelle qu’au néophyte

Nicole PIERRE, TSTA – E

How much is enough ?

Présentation écrite par Nathalie GOURSOLAS BOGREN.

Tout ce que vous devez savoir pour ne pas tomber dans la « surindulgence » et pour élever des enfants aimables, responsables et respectueux .

Un livre de Jean Illsley Clarke, Connie Dawson et David Bredehoft.

Marlowe and Cie, New York, 2004.

Présentation

Ce livre aborde une question devenue fondamentale dans nos sociétés d’abondance :

quelle influence cette abondance a-t-elle sur nos enfants et leur bien être ?

Et il nous présente des résultats obtenus à partir de recherches menées depuis 1996 aux États-Unis en utilisant le concept de « surindulgence » (overindulgence) dont il existe trois formes :

  • Surindulgence matérielle : trop de choses
  • Surindulgence dans la structure : structure molle
  • Surindulgence relationnelle : attitudes parentales trop nourricières

Les effets de cette surindulgence sont les suivants :

  • Les adultes surindulgés dans l’enfance ont une estime d’eux-mêmes faibles, des sentiments de culpabilité, des problèmes de poids, se sentent seuls et sont en mauvaise santé.
  • Ils se sentent souvent mal-aimés, ont besoin de l’approbation d’autrui, ne savent pas se prendre en charge et manquent de compétences de base dans la vie quotidienne.

Section par section, le livre reprend les 3 types de surindulgence, en décrit les effets à court et long terme et donne des pistes de réflexion pour les éviter autant que se peut : développer des attitudes nourricières et normatives positives permettant à l’enfant de développer ses compétences. De nombreux exemples réels illustrent les propos et on retrouve le concept de l’ « autoroute » déjà développé dans « grandir avec ses enfants ». Il insiste également sur la nécessité d’apprendre aux enfants des compétences en ce qui concerne la vie quotidienne en plus du travail scolaire parce qu’une des composantes de l’estime de soi est de se savoir compétent. Etre aimé inconditionnellement ne suffit pas.

Ce livre n’emploie jamais de termes d’Analyse Transactionnelle mais on reconnaît facilement certains concepts AT comme le Parent Nourricier et le Parent Normatif. Et ce livre est fort intéressant lorsque l’on fait de l’AT parce qu’il démontre qu’un parentage inadéquat ne permet ni au Parent de l’enfant ni à son Adulte de se développer correctement.

Il insiste également sur le fait que le groupe familial est aussi centré autour de l’activité (corvées familiales) et exclure certains membres (les enfants) de l’activité est une façon de le transformer en groupe de processus (conflictuels).

Je recommande chaudement ce livre qui n’est malheureusement pas traduit en français. J’ai pris contact avec Jean Illsley Clarke qui m’a indiqué que, pour l’instant, aucune traduction n’était à l’ordre du jour. Dommage ! Mais je vous ai traduit la table des matières pour vous donner envie de le lire.

Je n’ai pas trouvé de meilleure traduction pour « overindulgence » que « surindulgence ». Si vous avez une bonne idée, n’hésitez pas à me la faire partager.

Nathalie Goursolas Bogren, Consultante en éducation, En contrat dans le champ éducation

Table des matières

Section 1 : reconnaître la « surindulgence »

  • La vérité sur « vraiment trop gentil » : la « surindulgence » a-t-elle des conséquences ?
  • Beurk ! regarde cet enfant gâté : quand la situation ressemble à de la surindulgence mais n’est pas de la surindulgence .
  • Quel mal y a-t-il à cela ? : quand la situation semble normale mais, en réalité, est de la surindulgence.

Section 2 : TROP

  • Tu en reprendras bien encore un peu : les nombreuses façons de donner trop.
  • Je veux quelque chose pour jouer : quand j’étais petit, mes parents me donnaient beaucoup de jouets.
  • Je n’ai rien à me mettre : quand j’étais petit, je pouvais avoir tous les vêtements que je voulais.
  • Tant de choses à faire, si peu de temps : quand j’étais petit, j’avais un emploi du temps de ministre.
  • C’est combien, assez ? : je ne sais pas ce qu’assez veut dire .

Section 3 : surprotéger

  • Je veux ce qu’il y a de meilleur pour toi : qu’est-ce qu’être nourricier ?
  • Je vais le faire pour toi : quand j’étais petit, mes parents faisaient, à ma place, les choses que j’aurais dues faire .
  • Amour étouffant : quand j’étais petit, mes parents me portaient trop d’attention
  • Les petits princes : quand j’étais petit, j’avais beaucoup de privilèges
  • Un monde de plaisir : quand j’étais petit, mes parents s’assuraient que je ne m’ennuyais jamais.
  • La route « nourricière » : la route du parentage

Section 4 : les chausses-trappes de la structure molle : attentes minimales, règles laxistes et limites inconsistantes .

  • Structure molle : un mode d’emploi pour l’insécurité
  • Qui était ton esclave la semaine dernière : quand j’étais petit, mes parents n’attendaient pas de moi que je fasse des corvées ménagères
  • Tu n’as pas besoin de faire cela : quand j’étais petit, on ne s’attendait pas à ce que j’apprenne les mêmes compétences que les autres enfants
  • Plus jamais de règles ! : quand j’étais petit, mes parents n’avaient pas de règles ou ne me forçaient pas à les suivre.
  • Fais comme tu veux : quand j’étais petit, mes parents me donnaient beaucoup trop de liberté.

La route de la structure : 6 façons de structurer la vie des enfants. 2 qui sont utiles.

  • La grande route, combiner structure et attitude nourricière : un outil puissant pour le parentage.
  • Emmène moi à ton chef : quand j’étais petit, mes parents me laissaient diriger ou dominer la famille.

Section 5 : pour les parents qui ont été « surindulgés » quand ils étaient enfants

Je ne ferais jamais ça ! : Comment la surindulgence que les parents ont connue étant petits influence leur parentage .

Section 6 : décliner les invitations à la surindulgence .

  • Les dangers de la maison : faire face aux circonstances qui peuvent transformer les bonnes intentions en surindulgence .
  • Les dangers de la route : les pressions extérieures qui poussent à la surindulgence : la société de consommation, les médias, la communauté à laquelle on appartient, autrui.

États du moi, transactions et communication

Présentation écrite par Brigitte Muller

Agnès Le Guernic, TSTA dans le champ éducation et auteur de ce livre,

l’a offert à la bibliothèque ASAT-SR, peu après sa parution, fin 2004, chez InterEditions et je l’en remercie à nouveau ici. Il sera d’une grande utilité pour les praticiens et pour les enseignants et plus particulièrement encore pour ceux et celles qui travaillent en champ éducation et en champ conseil.

  1. Je trouve que ce livre porte bien à la fois son titre son sous-titre :
    Son titre : Etats du moi, Transactions et communication car il présente de manière très claire, complète et souvent innovante des concepts liés à la communication et en cela il peut servir d’ouvrage de référence pour les étudiants et enseignants en AT.
  2. Et son sous-titre : Savoir enfin que dire après avoir dit bonjour !, car une grande part est faite à l’application pratique et aux options que ces concepts permettent de développer dans la communication. Le lecteur voit tout de suite comment s’en servir grâce aux nombreux exemples et peut l’expérimenter grâce aux exercices proposés tout au long du livre et à la fin.
    Il est écrit de manière vivante et compréhensible pour tous ce qui est agréable et permet de le recommander aussi aux personnes qui ne connaissent pas ou peu l’AT et qui veulent comprendre ce qui se passe dans leurs relations et les transformer positivement.

L’auteur nous invite d’emblée à ouvrir notre cadre de référence en se servant de deux approches, l’AT et l’école de Palo Alto, tout en les respectant et en relevant ce que chacune apporte à compréhension et à la facilitation de la communication.

Comme le souligne l’auteur, ces deux approches parfois se rejoignent (Recadrage, disqualification et dévalorisation et signes de reconnaissances, par exemple) parfois se complètent : (rôle social et position de vie ; position haute ou basse et Okness), ce qui nous amène à élargir la réflexion et questionner la pratique. « Dans les deux approches, on ne cherche pas de coupable, le postulat étant celui de la coresponsabilité, on regarde comment le système fonctionne. Ce sont les manières d’intervenir qui seront différentes. » L’AT a l’avantage, souligne encore l’auteur, de favoriser la prise de conscience qui permet d’agir sur la relation en modifiant volontairement certains paramètres de la relation, de repérer et changer les modes de fonctionnement relationnels répétitifs, voire pathologiques. Elle privilégie la relation égale et l’autonomie. Les états du moi donnent ce plus qui permet de comprendre les besoins concernés.

Et chemin faisant, au fil de la lecture, nous rencontrons, tout naturellement, Watzlawick, Bateson, Erickson, Berne, Steiner, Fanita English et d’autres dont Agnès Le Guernic nous partage si clairement les apports que l’on se sent intelligent à « …l’écouter », allai-je écrire, car c’est cela dont j’ai eu l’impression tout au long de ma découverte de ce livre : écouter un professeur qui sait captiver et transmettre un sujet qu’il connaît parfaitement à la fois théoriquement et pratiquement.

Le Groupe de Palo Alto auquel l’auteur consacre la première partie de son ouvrage ne s’intéresse pas au « Pourquoi ? ». « Paul Watzlawick a affirmé à plusieurs reprises ne pas chercher la prise de conscience du client. Il choisit d’agir sur le système dans lequel se trouve le client. L’intervention consiste en une préconisation. Les clients n’apprennent rien, mais ils sortent du piège. Cela leur suffit. Ils oublient même qu’ils ont eu des problèmes. Le client est en position basse par rapport au thérapeute. Il reçoit des instructions pour mettre fin à sa souffrance et les applique. L’attention du praticien ne se porte pas sur la personnalité de l’émetteur et du récepteur, mais sur leur relation qui se déroule dans le temps. Les interventions se font sur le système, couple, famille, organisme, sans rechercher la prise de conscience des individus. …Cette approche est intéressante pour comprendre le jeu social, les rôles, les systèmes de complémentarités et de compétition, les imprévus de la communication. » En cela, je lui trouve un intérêt particulier pour les conseillers et les professionnels en champ éducation.
De cette approche de Palo Alto, Agnès Le Guernic a choisi de présenter certains outils particulièrement pertinents pour la communication et quand et comment choisir de les utiliser de manière opportune. J’en cite quelques uns :

  • la métacommunication ou communication sur la communication
  • Les messages paradoxaux en se gardant des dangers de la double contrainte
  • le recadrage : « modifier le cadre en incorporant des éléments nouveaux qui changent la signification de la situation généralement en en montrant les bons aspects » (= exemple de définition claire donnée dans le livre).
  • les niveaux verbaux et non verbaux ou langage analogique ou digital
  • le choix d’une position haute ou basse dans la relation, d’une relation égale ou relation inégale.

En ce qui concerne l’AT, Agnès Le Guernic a suivi la même démarche en y consacrant de plus longs développements. Après avoir abordé le rôle des états du moi dans la communication et la manière de structurer le temps, elle présente de manière très complète l’analyse des transactions, et notamment les transactions symbiotiques émanant du Parent ou de l’Enfant. Avec un florilège : transactions simples et/ou complémentaires en relation égale ou inégales ; transactions croisées ; transactions à double message ; transactions angulaires et les transactions particulières comme celle du pendu, « panoramique » ou « boule de billard ». Les connaissez-vous toutes ?

L’intérêt est surtout qu’elles sont présentées de manière systématique, avec différents états du moi récepteurs ou émetteurs, avec la manière de les diagrammer, leurs effets sur la relation, leur utilisation possible, ce qui fait, à mon avis, de ces chapitres une référence en la matière.

Si l’auteur consacre autant de place à la manière de repérer les différentes sortes de transactions, c’est parce que, nous rappelle-elle, cela permet d’analyser les échanges, contenus et processus et d’identifier les quatre sortes de relations piégées : la relation symbiotique, le parasitage, les jeux psychologiques, les jeux de pouvoir.
Et surtout ajoute-t-elle d’apprendre comment s’en dégager. Et là, le lecteur n’est pas déçu car les options proposées sont concrètes, leur impact évident, ce qui donne envie de les mettre en pratique tout de suite. Il ne s’agit pas pour autant de solutions magiques et l’auteur en montre aussi bien les avantages que les inconvénients et les limites. L’intérêt principal de ce travail d’analyse est donc non seulement « de comprendre ce que l’on fait et l’effet produit, mais on peut aussi imaginer la suite. Anticiper permet de modifier le cheminement de l’échange ».
Le dernier chapitre développe d’autres moyens de transformer sa communication et élargir l’éventail des choix aussi bien en tant que professionnel que dans la vie courante. L’auteur aborde ici les questions comme :

  • comment communiquer nos émotions,
  • discordances entre positions de vie et rôle professionnel ;
  • comment réagir face à une personne qui est dans une position existentielle sous l’effet du stress ;
  • les huit interventions Adulte d’Eric Berne, là aussi un apport clair particulièrement profitable aux praticiens en champ éducation et conseil.
  • la question de l’influence : savoir-faire professionnel manipulation et stratégie qui nous questionne sur notre manière d’inter-agir professionnellement.

Ma critique irait à la forme : j’ai été gênée de ne pas trouver de structure plus apparente (pas de numéro de paragraphe par ex.) pour situer et retrouver plus facilement les notions abordées. Cependant, lorsqu’on s’est familiarisé un peu avec l’ouvrage, on repère sa structure très didactique et j’ai aimé particulièrement le petit paragraphe final intitulé « Quel est l’intérêt de cette notion ? ».
Personnellement, m’étant plongée ce livre à un moment où la vente d’une maison de famille rend les relations tendues, j’ai pu mettre en pratique immédiatement ce qui m’avait intéressé certaines options : choisir d’adopter la position haute à certains moment (organiser rapidement l’estimation de la maison) ou la position basse (laisser le choix des principales agences immobilières) ce qui a évité des montées en compétitions pénibles et inutiles ; choisir d’utiliser le méta-langage lorsque des discussions tournaient en rond ; repérer les disqualifications et dévalorisation de part et d’autre, et en tout temps choisir de redresser la barre…ou non.

Pour conclure, je laisse la parole à Agnès Le Guernic :

« Une des voies du changement est la psychothérapie, une autre est l’apprentissage. La première nous conduit à décider de dire « Bonjour ! », c’est à dire de rencontrer l’autre en prenant le risque d’être rejeté, la deuxième nous permet de trouver que dire et que faire après avoir dit « Bonjour ! » pour mieux vivre ensemble en communiquant mieux les uns avec les autres. Je vous souhaite bon voyage dans ce monde d’histoires ! »

Brigitte Muller, Article publié par la revue suisse d’Analyse Transactionnelle « Métamorphose »

Les trois États du Moi

Agnès LE GUERNIC – TSTA éducation

L’analyse transactionnelle apporte une théorie de ce qui se passe à l’intérieur de nous et nous parle de notre moi : comment nous pensons selon l’âge et le moment, à quelles influences internes obéissent notre comportement, nos pensées et nos sentiments dans l’ici et maintenant.

Un état du moi est un système cohérent de pensées et de sentiments associés à des comportements observables

Eric Berne distingue une première partie du moi : elle est consciente, en contact avec la réalité et axée sur le présent. Il l’appelle l’état du moi Adulte. Tous ceux dont le cerveau est en état de fonctionner et de traiter la réalité interne et externe peuvent mobiliser leur état du moi Adulte et avoir des pensées et des sentiments en rapport avec ce qui se passe et des comportements adéquats. Par exemple, une personne qui va passer un examen médical peut ressentir de la crainte. Elle cherchera de l’information auprès de professionnels ou de proches ayant subi également ce type d’examen, afin de se rassurer.

L’état du moi Enfant est la trace en nous de l’enfant que nous avons été. Il comprend les pensées, les sentiments et les comportements acquis dans l’enfance, du temps où l’on était dépendant des grandes personnes. Ces manières de penser, de sentir et de se comporter resurgissent aujourd’hui dans des situations précises, sous l’effet d’une émotion vive ou face aux figures d’autorité. Elles ne sont pas toujours adaptées à l’âge ni à la situation actuelle. Quand nous sommes dans notre état du moi Enfant, nous adoptons, sans nous en rendre compte, les stratégies relationnelles mises en place à une période où nous étions un(e) enfant relativement désarmé(e) . Ainsi une personne qui doit passer un examen médical peut ressentir de la peur au point d’être terrorisée et, avant même d’avoir passé cet examen, tenir à son entourage des discours du genre : « Je suis sûrement fichu(e). Je vais mourir » Elle peut aussi différer sans cesse l’examen, par peur du résultat. C’est typique d’une peur dans l’Enfant.
L’Enfant est la partie la plus ancienne de la personne. L’existence de cet état du moi Enfant s’appuie sur le fait que nous avons tous été des enfants.

L’état du moi Parent est composé de l’ensemble des sentiments, pensées et comportements que nous avons appris de nos parents ou des personnes qui nous ont influencés. Ainsi dans son état du moi Parent la personne qui s’apprête à passer un examen médical peut exprimer un sentiment de confiance en la médecine moderne ainsi que dans les professionnels qui vont l’examiner. Elle peut aussi se référer à sa foi religieuse pour aborder l’épreuve et se dire que c’est Dieu qui décide. Les modèles parentaux contenus dans notre état du moi Parent nous servent chaque fois que nous nous occupons des autres. Eric Berne parle d’une bande enregistreuse qui se mettrait en route chaque fois que nous sommes en position d’autorité ou d’influence. Le Parent s’est constitué par imprégnation et incorporation. L’existence de cet état du moi s’appuie sur le constat que nous avons tous eu des parents ou des personnes qui ont tenu lieu de parents.

L’analyse transactionnelle présente les états du moi sous forme de trois cercles superposés, l’état du moi Adulte étant placé au milieu, l’Enfant en bas et le Parent en haut. Cette disposition dans l’espace n’a pas de signification particulière. La majuscule permet de distinguer les états du moi Parent, Adulte et Enfant, des parents, adultes et enfants réels.

Les trois états du moi présentent des manières de sentir, de penser et d’agir entièrement déconnectées de l’âge réel. Un enfant de 12 ans peut se comporter d’une manière plus responsable qu’une grande personne de 40 ou 50 ans et cette dernière peut se comporter comme si elle avait 5 ans dans des situations où l’on attendrait d’elle une attitude différente.

Extrait du traité de communication interpersonnelle appliquée à la vie quotidienne

Permission et protection en Éducation

Marie-Christine SEYS, TSTA éducation

(Texte paru dans les AAT N° 105, janvier 2003)

Le concept Protection-Permission , souvent associé à la puissance, est essentiel en éducation. Il est généralement représenté par le triangle des « 3 P » – le « triangle éducatif » – et fait partie des procédures aidantes. Les trois pôles du triangle recouvrent en effet beaucoup de pratiques que l’on peut mettre eu œuvre dans toute relation éducative institutionnelle, familiale ou sociale.

La Protection , première citée dans le champ éducation (voir V. Sichem, AAT N° 84), est d’abord la loi énoncée à travers des règles, voire un règlement intérieur, et assortie de sanctions réalistes fermement appliquées. Ces règles concernent tous les partenaires de la relation éducative (parents, professeurs, éducateurs, chefs d’établissement, élèves). Elles constituent des repères protecteurs si elles sont clairement énoncées et expliquées. En particulier la règle éthique de respect d’autrui, qu’il est bon de rappeler souvent, implique toute absence de dévalorisation (le racisme, quel qu’il soit est un délit et non une opinion selon la loi).Cependant, la protection est aussi la compétence à éduquer de celui qui éduque. Cette compétence-là se développe par des formations adaptées. Elle est nécessaire pour conduire un groupe, par exemple.

La Permission peut être assimilée à la respiration dans la relation. Elle est inséparable de la protection car elle permet à chacun de trouver sa place au sein du processus éducatif et d’être proche de lui-même et de ses besoins. Ce sont les droits qui vont avec les devoirs (comme tout règlement intérieur le stipule, en principe). Il est important d’élaborer ces permissions ensemble dans un groupe ou dans une relation éducative en général et de vérifier, ensemble aussi, leur compatibilité avec les règles et les objectifs du groupe. Ce travail avec les jeunes constitue une véritable éducation à la citoyenneté : dans les classes, par exemple, chaque élève exprime ses besoins puis la classe et le professeur élaborent des permissions explicites et écrites pour y répondre.

Ces deux dimensions réunies ont des effets manifestes sur le climat des groupes et sur la réussite de chacun dans la tâche projetée. Quant à la Puissance , elle est à la fois résultante de cette alliance Permission-Protection et le signe que la relation fonctionne ; elle est caractérisée par une énergie libre, des sentiments qui s’expriment et une communication claire et sereine.