Les trois États du Moi

Agnès LE GUERNIC – TSTA éducation

L’analyse transactionnelle apporte une théorie de ce qui se passe à l’intérieur de nous et nous parle de notre moi : comment nous pensons selon l’âge et le moment, à quelles influences internes obéissent notre comportement, nos pensées et nos sentiments dans l’ici et maintenant.

Un état du moi est un système cohérent de pensées et de sentiments associés à des comportements observables

Eric Berne distingue une première partie du moi : elle est consciente, en contact avec la réalité et axée sur le présent. Il l’appelle l’état du moi Adulte. Tous ceux dont le cerveau est en état de fonctionner et de traiter la réalité interne et externe peuvent mobiliser leur état du moi Adulte et avoir des pensées et des sentiments en rapport avec ce qui se passe et des comportements adéquats. Par exemple, une personne qui va passer un examen médical peut ressentir de la crainte. Elle cherchera de l’information auprès de professionnels ou de proches ayant subi également ce type d’examen, afin de se rassurer.

L’état du moi Enfant est la trace en nous de l’enfant que nous avons été. Il comprend les pensées, les sentiments et les comportements acquis dans l’enfance, du temps où l’on était dépendant des grandes personnes. Ces manières de penser, de sentir et de se comporter resurgissent aujourd’hui dans des situations précises, sous l’effet d’une émotion vive ou face aux figures d’autorité. Elles ne sont pas toujours adaptées à l’âge ni à la situation actuelle. Quand nous sommes dans notre état du moi Enfant, nous adoptons, sans nous en rendre compte, les stratégies relationnelles mises en place à une période où nous étions un(e) enfant relativement désarmé(e) . Ainsi une personne qui doit passer un examen médical peut ressentir de la peur au point d’être terrorisée et, avant même d’avoir passé cet examen, tenir à son entourage des discours du genre : « Je suis sûrement fichu(e). Je vais mourir » Elle peut aussi différer sans cesse l’examen, par peur du résultat. C’est typique d’une peur dans l’Enfant.
L’Enfant est la partie la plus ancienne de la personne. L’existence de cet état du moi Enfant s’appuie sur le fait que nous avons tous été des enfants.

L’état du moi Parent est composé de l’ensemble des sentiments, pensées et comportements que nous avons appris de nos parents ou des personnes qui nous ont influencés. Ainsi dans son état du moi Parent la personne qui s’apprête à passer un examen médical peut exprimer un sentiment de confiance en la médecine moderne ainsi que dans les professionnels qui vont l’examiner. Elle peut aussi se référer à sa foi religieuse pour aborder l’épreuve et se dire que c’est Dieu qui décide. Les modèles parentaux contenus dans notre état du moi Parent nous servent chaque fois que nous nous occupons des autres. Eric Berne parle d’une bande enregistreuse qui se mettrait en route chaque fois que nous sommes en position d’autorité ou d’influence. Le Parent s’est constitué par imprégnation et incorporation. L’existence de cet état du moi s’appuie sur le constat que nous avons tous eu des parents ou des personnes qui ont tenu lieu de parents.

L’analyse transactionnelle présente les états du moi sous forme de trois cercles superposés, l’état du moi Adulte étant placé au milieu, l’Enfant en bas et le Parent en haut. Cette disposition dans l’espace n’a pas de signification particulière. La majuscule permet de distinguer les états du moi Parent, Adulte et Enfant, des parents, adultes et enfants réels.

Les trois états du moi présentent des manières de sentir, de penser et d’agir entièrement déconnectées de l’âge réel. Un enfant de 12 ans peut se comporter d’une manière plus responsable qu’une grande personne de 40 ou 50 ans et cette dernière peut se comporter comme si elle avait 5 ans dans des situations où l’on attendrait d’elle une attitude différente.

Extrait du traité de communication interpersonnelle appliquée à la vie quotidienne

Permission et protection en Éducation

Marie-Christine SEYS, TSTA éducation

(Texte paru dans les AAT N° 105, janvier 2003)

Le concept Protection-Permission , souvent associé à la puissance, est essentiel en éducation. Il est généralement représenté par le triangle des « 3 P » – le « triangle éducatif » – et fait partie des procédures aidantes. Les trois pôles du triangle recouvrent en effet beaucoup de pratiques que l’on peut mettre eu œuvre dans toute relation éducative institutionnelle, familiale ou sociale.

La Protection , première citée dans le champ éducation (voir V. Sichem, AAT N° 84), est d’abord la loi énoncée à travers des règles, voire un règlement intérieur, et assortie de sanctions réalistes fermement appliquées. Ces règles concernent tous les partenaires de la relation éducative (parents, professeurs, éducateurs, chefs d’établissement, élèves). Elles constituent des repères protecteurs si elles sont clairement énoncées et expliquées. En particulier la règle éthique de respect d’autrui, qu’il est bon de rappeler souvent, implique toute absence de dévalorisation (le racisme, quel qu’il soit est un délit et non une opinion selon la loi).Cependant, la protection est aussi la compétence à éduquer de celui qui éduque. Cette compétence-là se développe par des formations adaptées. Elle est nécessaire pour conduire un groupe, par exemple.

La Permission peut être assimilée à la respiration dans la relation. Elle est inséparable de la protection car elle permet à chacun de trouver sa place au sein du processus éducatif et d’être proche de lui-même et de ses besoins. Ce sont les droits qui vont avec les devoirs (comme tout règlement intérieur le stipule, en principe). Il est important d’élaborer ces permissions ensemble dans un groupe ou dans une relation éducative en général et de vérifier, ensemble aussi, leur compatibilité avec les règles et les objectifs du groupe. Ce travail avec les jeunes constitue une véritable éducation à la citoyenneté : dans les classes, par exemple, chaque élève exprime ses besoins puis la classe et le professeur élaborent des permissions explicites et écrites pour y répondre.

Ces deux dimensions réunies ont des effets manifestes sur le climat des groupes et sur la réussite de chacun dans la tâche projetée. Quant à la Puissance , elle est à la fois résultante de cette alliance Permission-Protection et le signe que la relation fonctionne ; elle est caractérisée par une énergie libre, des sentiments qui s’expriment et une communication claire et sereine.

La verbalisation d’un timbre, un acte de métacommunication

Par Agnès Le Guernic, T.S.T.A.E.

J’ai analysé un échange avec verbalisation de timbre et j’ai compris pourquoi il posait souvent problème. Ce type d’échange est en effet une transaction à réponse croisée, à quatre titres.

Regardons le stimulus : il part de n’importe quel état du moi de l’émetteur, mais il touche l’Enfant du récepteur qui a un ressenti désagréable.

Si le récepteur décide de verbaliser ce ressenti pour rétablir un lien positif avec l’émetteur, il le fait forcément de manière différée. Le décalage dans le temps , même minime crée la surprise, l’émetteur n’ayant pas forcément conscience de ce qu’il a dit et de l’effet produit. Celui qui rend le timbre se montre actif et reprend l’initiative.

  • La verbalisation du timbre par le récepteur du stimulus se fait depuis l’Adulte. L’Adulte est en contact avec l’Enfant, mais le message est caractéristique de l’Adulte : « Quand tu as dit telle chose ou fait tel geste, je me suis senti dévalorisé et en colère, ou triste ou j’ai eu peur etc. ». Il y a changement d’état du moi ; c’est donc bien une réponse croisée qui vise l’Adulte de l’autre et tente d’établir une relation égale. Elle crée aussi la surprise.
  • Enfin, le sujet est changé : on passe du contenu à la relation. Effet supplémentaire de surprise.
  • La verbalisation d’un timbre informe l’autre que ce qu’il a dit ou fait a été reçu autrement que ce qu’il croyait. C’est donc une confrontation.

Si celui qui verbalise son ressenti désagréable et rend un timbre se maintient dans l’OKness, sa réponse est simple. Elle contient un niveau de message. Nous avons vu que même dans ce cas, celui à qui est adressée la réponse est surpris, dérouté et un peu déstabilisé.

Si en revanche son Adulte est contaminé, il peut y avoir un double fond qui se manifeste au niveau non verbal. Ce double fond va alimenter un ressenti négatif possible si bien qu’en rendant un timbre on aboutit parfois à ce qu’un autre soit collé.

Informer l’autre de son ressenti négatif suite à un stimulus perçu comme source de colère ou de peur ou de tristesse pour soi est une ébauche de métacommunication. Si elle se poursuit, la relation est approfondie et le lien renforcé. C’est pourquoi il vaut la peine de rendre les timbres au fur et à mesure aux personnes qu’on apprécie. C’est en même temps un test de la qualité d’une relation.

Merci à Jean-Pierre Noé d’avoir ainsi stimulé notre réflexion !

Conscience politique et AT

Auteur : Agnès LE GUERNIC – TSTA éducation

Le terme de « conscience politique » implique une conscience de la société où l’on vit, de la manière dont le pouvoir y est organisé et exercé et une lecture de cette réalité. Elle signifie aussi conscience et connaissance de ses valeurs et de ses motivations et capacité à s’investir dans une cause estimée « juste ». Elle suppose une position par rapport aux autres et au monde.

Les références au politique sont rares dans la littérature transactionnaliste. J’ai trouvé deux auteurs ayant une réflexion plus poussée sur le pouvoir.

Le premier est Claude Steiner. Avec son ouvrage L’autre face du pouvoir , il est au cœur du sujet puisque le politique concerne l’organisation et l’exercice du pouvoir dans une société organisée. Il explique son cheminement par rapport au pouvoir et ses engagements militants personnels dans le mouvement féministe.

Alan Jacobs nous a apporté aussi une réflexion puissante sur le pouvoir autocratique et sur le fonctionnement des systèmes totalitaires. Son article nous met en garde contre ceux qui prétendent savoir comment changer le monde.

Pour traiter le sujet de la conscience politique, j’ai choisi de m’intéresser à la manière dont se construisent les convictions politiques et se décident les engagements en politique. J’utiliserai pour cela la notion d’états du moi et celle de positions de vie tripartites.

I –Les états du moi :

A – La conscience du contenu de son état du moi Parent et de ses héritages :

L’état du moi Parent d’une personne contient les trois états du moi introjectés de ses figures parentales, ce qui revient à dire que ses valeurs et ses modèles sont formés de trois séries d’éléments :

  • Les opinions exprimées par ces personnes sur les devoirs de chacun vis à vis de sa famille, de son pays, sur le rôle de la politique, la nature du pouvoir, la nécessité ou non de servir et la manière de le faire, la valeur du savoir et bien d’autres choses encore, transmises par les générations antérieures et qui constituent sa tradition familiale.
  • Les comportements de ces personnes au jour le jour : est-ce qu’elles exerçaient leur pouvoir de voter, est-ce qu’elles participaient aux activités citoyennes ? est-ce qu’elles manifestaient dans la rue pour une cause, comment elles intervenaient en cas de faute de leur enfant, pour le soutenir envers et contre tout ou pour lui apprendre à se conduire mieux ?
  • Ce qu’elles montraient de leur ressenti : excitation, emportement, envie, soumission à la fatalité, ressentiment, enthousiasme .

Notre système de valeur est influencé par cette origine multiple. Nous avons pris certains éléments présents dans les valeurs de notre lignée et rejeté certains autres et nous avons choisi d’autres modèles fournis par l’école, l’église, les lectures personnelles . On comprend qu’à l’intérieur du Parent, oppositions et contradictions puissent être nombreuses, soit parce que les figures parentales étaient peu congruentes et ne faisaient pas ce qu’elles préconisaient, soit par l’opposition entre l’héritage du père et celui de la mère ou de la famille et de l’école. Ainsi pour ce qui concerne la juste répartition du pouvoir entre un homme et une femme dans la famille ou dans la cité, les convictions varient beaucoup. Je vous laisse imaginer les possibilités pour les élèves qui étudient dans nos établissements : ils sont issus d’une immigration ancienne ou récente, enfants de couples mixtes ou non, de famille traditionnelle ou recomposée, de milieux sociaux et culturels différents . Ils doivent s’insérer dans une société où l’égalité des hommes et des femmes est inscrite dans la loi, mais pas toujours dans les pratiques.

B – La conscience des motivations enracinées dans l’état du moi Enfant et l’influence des expériences anciennes :

C’est dans l’Enfant que se trouvent les motivations pour agir. C’est dans les indignations de la petite personne que se nichent les sources de nos engagements d’adultes. Posez-vous la question : Pour quelle cause, suis-je prêt(e) à descendre dans la rue ? La réponse indique souvent le souvenir d’une injustice à réparer, d’une humiliation à corriger. Quand nous étions petits, quelque chose s’est produit qui nous a paru « injuste », un comportement d’adulte a lésé quelqu’un que nous aimions ou nous a blessé et nous avons décidé : « Quand je serai grand, je ne laisserai pas faire ça » , ou « Je m’occuperai des enfants ou des malheureux » , ou « Je n’oublierai pas ce que je ressens aujourd’hui . » Beaucoup de choix de métiers reposent sur ce type de décision. Beaucoup d’engagements militants aussi.

Le sentiment d’appartenance ancré dans l’état du moi Enfant, est aussi quelque chose de fort. Je me souviens d’un antillais qui disait avec force : « Je suis maître dans mon île ! » alors même qu’il était réputé « départementaliste », c’est à dire favorable au statut de département français de son île.

La conscience politique et la lecture de la réalité :

Elle implique des connaissances, des grilles d’analyse du réel, un accès au monde des idées. Elles sont historiques, économiques, juridiques. Notre formation intellectuelle va influencer nos choix dans l’ici et maintenant.

C – La prise de décision :

L’adulte qui a une conscience politique ne se contente pas de parler. Il veut agir. Il ne se limite pas à la connaissance de ce qui se passe autour de lui. L’engagement donne du sens à sa vie, quel que soit cet engagement. Ces choix peuvent être individuels ou collectifs. Quand ils se font en conscience, ils s’appuient sur le sentiment de responsabilité par rapport à ce qui se passe dans le monde, se nourrissent de l’énergie de l’Enfant et se prennent dans l’état du moi Adulte. Ils diffèrent d’une personne à l’autre parce que les influences sont différentes. Mais quand la personne descend dans la rue pour protester, elle sait pourquoi elle le fait.

II – Les positions de vie tripartites et les modalités de nos engagements :

C’est l’autre piste que nous fournit Eric Berne dans « Que dites-vous après avoir dit « Bonjour » ? Elles nous permettent d’analyser les positions idéologiques de chacun. Elles sont au nombre de huit.

  • Moi +, Vous +, Eux + : C’est la position démocratique, une manière d’idéal qui se résumerait dans la formule : « Personne ne doit rester sur le bord du chemin ! »
  • Moi +, Vous +, Eux – : C’est la position du préjugé et de l’esprit de corps :« Eux, qu’est-ce qu’on a à faire de leur sort ? » Peu importe la misère là-bas si on a la prospérité.
  • Moi +, Vous -, Eux + : C’est la position de l’agitateur mécontent et des missionnaires de toutes sortes. L’argument : « Vous, vous n’êtes pas des gens bien, par rapport aux autres là-bas qui sont des vrais héros. (Ailleurs, c’est mieux !)
  • Moi +, Vous -, Eux – : C’est la position arrogante par excellence, l’argument étant : « Vous n’avez tous qu’à faire comme moi, vous réussirez ».
  • Moi -, Vous +, Eux + : la position neurasthénique, celle du saint ou du masochiste qui se punit lui-même. « Il n’y a rien à tirer d’un africain, d’une femme, d’un arabe, d’un clochard comme moi etc. ! »
  • Moi -, Vous +, Eux – : la position servile de ceux qui vivent de pourboires sans véritable nécessité. Je me suis bien abaissé et vous m’avez récompensé. Quant aux autres, grand bien leur fasse ! Chacun essaie de gagner son biftèque comme il peut. Tant pis pour ceux qui n’y arrivent pas !
  • Moi -, Vous -, Eux + : position d’envie servile. « Ils nous détestent parce que nous ne sommes pas assez. ( riches, connus, savants, bien habillés) pour eux ! »
  • Moi -, Vous -, Eux – : position pessimiste des cyniques. Personne ne vaut rien et rien ne vaut la peine ».

Berne propose aussi les positions tripartites incertaines. J’ai retenu les suivantes :

  • Moi +, Vous ?, Eux – : qu’il explicite comme une position aristocratique de classe « La plupart des gens ne valent rien, mais en ce qui vous concerne, j’attends que vous me montriez vos lettres de créance »
  • Moi +, Vous +, Eux ? : position évangélisante : « Nous, nous sommes bien, mais eux, attendons qu’ils nous l’aient prouvé ! »

Les contenus importent moins que les positions respectives quand il s’agit du résultat. Ainsi Berne s’étonne qu’on se soit étonné de voir des zélés policiers nazis devenir de zélés policiers politiques en Allemagne de l’est. La position « Moi + (nazi), Lui – (traître), donc je le tue » reste la même quand on passe à « Moi + (communiste), Lui – (traître), donc je le tue ».

En revanche, derrière les plus et les moins, nous mettons des adjectifs qui concernent les motifs de valorisation ou de dévalorisation, les styles de vie. Les positions qui se fondent sur une seule opposition d’adjectifs, du type bon/mauvais, travailleur/paresseux, civilisé/sauvage, indiscipliné/discipliné, intelligent/idiot sont les plus dures à supporter. Ces simplifications sont particulièrement dangereuses pour la société. « Plus il entre d’adjectifs dans chaque + et dans chaque -, plus complexes et souples deviennent les positions, et plus il faut d’intelligence et de discernement pour s’en accommoder. Des ensembles d’adjectifs peuvent s’additionner pour aggraver, se soustraire pour atténuer, s’équilibrer par souci d’équité ». Un enfant que l’on qualifie de « sauvageon » peut être brutal ou avoir bon cœur, ce qui aggrave ou corrige le premier terme. La réalité n’est pas blanche ou noire, mais toujours à nuancer.

Conclusion :

En rappelant cette partie méconnue de la réflexion de Berne sur les positions de vie et en montrant comment on peut utiliser l’analyse de second ordre de l’état du moi Parent, j’ai voulu montrer comment l’analyse transactionnelle nous aide à penser non seulement les processus dynamiques qui nous conduisent vers des issues prévisibles, mais aussi les contenus idéologiques . Dans une période où des fanatiques veulent nous ramener aux oppositions binaires et nous interdire de penser le monde dans sa complexité, la relecture de Berne nous réserve donc de bonnes surprises.

L’orientation vers la « psychiatrie sociale » qu’il proposait implique une politique de prévention et de santé mentale. Berne se méfiait des utopies et se donnait des buts réalistes, comme celui de guérir les gens avec leur collaboration. Dans Que dites-vous après avoir dit « Bonjour » ? , il parle de « prendre sa carte de membre de l’espèce humaine », de se comporter en martien qui observe les terriens sans idées préconçues et il dit sa conviction que chacun peut améliorer, même modestement, la manière dont va le monde, en apprenant à dire « Bonjour ! » c’est à dire en s’intéressant aux autres. Il se limite à un type de projet personnel, mais il ouvre des pistes à ceux qui veulent pousser plus loin la réflexion sur l’engagement collectif .

Références Bibliographiques

Claude Steiner : L’autre face du pouvoir, Editions Desclée De Brouwer
Alan Jacobs : Le pouvoir autocratique, AAT N°46 p. 51 /TAJ 17.3 juillet 1987 pp 59-71 « Autocratic Power »
Eric Berne : Analyse transactionnelle et psychothérapie, pp199-202, Editions Payot
Eric Berne : Que dites-vous après avoir dit Bonjour ? , pp 80-83, Editions Tchou

 

L’AT, une philosophie, une théorie, une boîte à outils pour se comprendre et comprendre les autres

Auteur : Agnès Le Guernic, TSTA-E

Les origines et le postulat de base de l’A.T. : « tout le monde naît OK »

A l’origine, Eric Berne, un médecin psychiatre américain qui a voulu mettre « la psychiatrie et la psychanalyse à la portée de tous » (c’est le titre français de la traduction de son premier ouvrage « Mind in action »). Dans un contexte d’après guerre où tant d’hommes et de femmes se remettaient mal de ce qu’ils avaient dû subir, la cure analytique trop longue et trop chère était de peu d’aide pour le plus grand nombre. Eric Berne qui avait suivi une formation d’analyste a prôné des thérapies brèves, où l’on travaille en collaboration avec le patient ou le client, dans le cadre d’un contrat qui mobilise les deux parties.

Son postulat de base était que l’homme a à la naissance un potentiel de bonheur et une capacité à être en accord avec lui-même, les autres et la vie qui se modifie par la suite sous l’effet des circonstances de son histoire, mais qu’il peut retrouver par la suite, en particulier dans une démarche thérapeutique. Il disait dans son langage imagé : « Nous sommes tous nés princes et princesses ; les circonstances de la vie ont fait de nous des grenouilles et des crapauds, mais nous pouvons décider de redevenir princes et princesses, comme dans les contes ». L’A.T. est une philosophie optimiste.

Un langage simple, des schémas clairs :

Berne n’aimait pas les grands mots . Quand il entendait ses collaborateurs se lancer dans des analyses savantes à propos d’un cas, il disait : « Et pendant ce temps-là le client ne guérit pas ! ». Il prétendait qu’un enfant de huit ans devait pouvoir comprendre ce qu’on disait et il avait l’habitude de faire les réunions de synthèse à l’hôpital en présence des patients.

Si l’Analyse Transactionnelle a un langage simple, c’est pour mieux communiquer, parce que Berne voulait faire de la psychiatrie sociale et travailler avec les gens.

La théorie bernienne comprend quatre grands domaines :

  • l’analyse structurale de la personnalité humaine, modèle fondé sur trois systèmes de fonctions du Moi : l’état du moi Enfant, l’état du Moi Adulte et l’état du moi Parent. Ce modèle est une extension de la notion freudienne du moi.
  • l’analyse de la communication humaine et des transactions c’est à dire des échanges verbaux et non verbaux entre les personnes, (elle tire son nom du mot  » transactions »)
  • l’ analyse de la communication indirecte avec l’étude des jeux psychologiques c’est à dire des séquences prévisibles d’échanges qui tournent de manière désagréable ou destructrice , amenant des ruptures de communication, des escalades dans le conflit, des sentiments désagréables et l’impression que les problèmes sont insolubles,
  • l’analyse du scénario de vie, plan de vie psychologique influencé par les messages reçus dans l’enfance et celle des décisions prises par le petit enfant à un âge où il était dépendant des grandes personnes. Sans que nous en ayons eu conscience, notre « scénario de vie « s’est mis en place pour nous assurer la survie, la sécurité et l’approbation, au détriment de l’intimité, de l’expression et de la réalisation de nous-même.

La notion de base , c’est les états du Moi, le Moi étant la partie de la personne qui est consciente ou peut le devenir. Ce Moi est composé d’un état Parent, qui est l’héritage, ce que nous avons reçu comme messages parentaux qui forment notre système de valeurs, mais aussi nos préjugés, d’un état Adulte, la partie qui perçoit et analyse la réalité, l’instance de décision, et l’état du Moi Enfant partie qui est la trace de l’enfant que nous avons été et qui sera présent en nous jusqu’à notre dernier souffle. Chaque état est un ensemble cohérent de pensées , de sentiments et de comportements observables. Ces états du moi ne sont pas liés à l’âge : un enfant de trois ans ou un adolescent de de seize ans ont eux aussi trois états du moi.

Ces concepts sont représentés au moyen de schémas très faciles à utiliser et qui permettent de visualiser le Moi de chacun avec ses trois états, sous forme de trois cercles superposés et les échanges avec les autres (c’est à dire les transactions, avec mise en évidence des différents niveaux de ces transactions : niveau apparent et niveau caché).

De même les messages reçus des parents ou des figures parentales importantes, messages d’interdiction, de permission ou concernant la manière dont l’enfant devait se comporter pour être accepté pourront figurer avec économie en utilisant les mêmes schémas.

D’autres analystes transactionnels ont apporté leur pierre à la théorie, du vivant de Berne et depuis sa mort, presque chaque année, le prix scientifique Eric Berne est accordé à un Analyste Transactionnel. Ce fut le cas pour Karpmann qui décrit les jeux psychologiques au moyen d’un triangle avec à chaque pointe un des trois grands rôles correspondant à la place de chacun dans le jeu, celui de Victime, de Persécuteur et de Sauveur. Chacun entre dans le triangle par un rôle favori et ensuite, tout le monde tourne, comme on le verra plus bas En voici le schéma :

Ces quelques schémas de base suffisent. Ils contribuent à rendre l’A. T. plus accessible et en même temps ils peuvent être complexifiés par les spécialistes. Ils sont utilisables pour appuyer la description de la communication faite à partir d’une observation précise des paroles , des comportements et des mimiques des personnes et des résultats de leur action sur les autres.

Comment j’utilise l’A. T. dans mon métier :

L’Analyse transactionnelle s’utilise dans le domaine clinique, dans le champ social (métiers de soin et d’accompagnement) dans le domaine des organisations et dans celui de l’éducation. C’est de celui-ci que je parlerai puisque c’est celui où j’exerce mon métier.Je suis en effet inspectrice d’écoles et formatrice d’enseignants. Mon domaine est celui des apprentissages, ceux que font les enfants et ceux qu’on peut faire, devenu adulte

Dans mon domaine, l’A.T. me permet d’observer par exemple la relation pédagogique en situation d’inspection et de conseiller ce qu’il convientde faire, d’une manière qui pourra être acceptée. Je note les interactions entre un élève ou des élèves et l’instituteur, les mimiques, les paroles et lors de l’entretien qui suit l’observation de classe, nous partons de ces éléments pour analyser ce qui se passe et voir comment on peut faire autrement ou pourquoi c’était une intervention appropriée. Reproduire ce qui a bien fonctionné suppose en effet de comprendre ce qu’on a fait.

En voici une illustration : une institutrice m’avait demandé d’observer le climat de la classe dans le feuillet de préparation que je propose de remplir avant l’inspection et qui comprend une rubrique « que désirez -vous que j’observe en particulier ? » . (C’est la manière dont je mets en place des relations de type contractuel dans cette situation d’évaluation unilatérale). J’ai donc porté mon attention sur les relations entre les élèves et sur la manière dont l’institutrice intervenait. A un moment, deux enfants se sont disputées. On faisait du calcul mental et l’une avait copié son résultat sur l’autre. Cette dernière a protesté et dit « Maîtresse, elle a copié sur moi ! ». L’institutrice a répliqué : « Tu n’as qu’à cacher ton ardoise ! ». Un peu plus tard, au moment du comptage des points, celle qui avait copié s’est écriée : « Maîtresse elle a triché ! Là elle avait zéro !

Voici comment j’analyse cette petite scène en termes d’A.T.en utilisant le triangle dramatique, présenté dans le schéma numéro 2 :

La filllette A. se plaint de la fillette B. qui copie sur elle et contrevient à la règle non dite de travailler seul au moment de l’évaluation, ce qui était le cas. Elle demande à l’institutrice de réprimander celle qui n’a pas respecté la règle. Je suppose qu’elle se sent persécutée parce que l’autre lui vole son résultat et qu’elle veut la persécuter à son tour en la faisant réprimander. Elle doit attendre quelque chose comme : « Ce n’est pas bien de copier ! » . Elle fait appel au Parent de l’institutrice, celui qui fait la morale. L’institutrice qui se trouve sans arrêt devant ce type de situation la renvoie à sa responsabilité (elle n’a qu’à cacher son ardoise). Au lieu de se faire son alliée, elle la persécute, si bien que la fillette se retrouve Victime, puisqu’elle se voit reprocher de ne pas avoir fait quelque chose qu’elle aurait dû faire : cacher son ardoise et protéger son travail des regards de sa voisine.

Peu de temps après, sa voisine lance « Maîtresse elle a triché ! », se vengeant de la dénonciation, en position de Persécuteur, faisant alliance avec la maîtresse contre l’autre. Quand on entre dans le triangle dramatiqure, on y entre dans l’une des positions de Victime, de Persécuteur ou de Sauveur, mais on tourne dans le triangle. Les personnes en position de dépendance invitent les figures parentales à les sauver ou à les persécuter , souvent à les sauver en persécutant le voisin. Le triangle sert à marquer les rôles dans les jeux psychologiques. Ici, les fillettes et l’institutrice ont joué à un jeu psychologique qu’on nomme « Défauts », et qui consiste à signaler les défauts des autres, et la fillette qui copiait a enchaîné sur le jeu « Je te tiens ! » qui consiste à prendre l’autre sur le fait et à le crier bien fort. Tout cela se passe très vite et n’est pas conscient. La pratique de l’observation instrumentée avec les outils de l’A.T. m’a appris à identifier dans les échanges des formes fixes ( ici le jeu psychologique analysable avec le triangle dramatique) qui rendent la communication prévisible. A chaque étape, il est possible de trouver une intervention appropriée et de la proposer.

Que pouvait faire ici l’institutrice ? Elle pouvait rappeler le sens de l’activité, sans faire de morale et dire, en mobilisant la partie positive de son état du Moi Parent, quelque chose comme : « J’ai besoin de savoir si vous avez tous compris ou pas , avant de passer à autre chose. Quand tu regardes sur l’ardoise de ta voisine, tu n’apprends pas à trouver le résultat toute seule. C’est normal de se tromper, mais c’est important que tu apprennes à trouver le résultat toute seule. J’ai besoin de savoir si vous avez tous compris, car cela m’indique s’il faut y revenir ou non, car si je crois que tu as compris, je passe à autre chose et c’est toi qui es ennuyée ensuite ».

Le but de la plupart des enfants, c’est de faire plaisir à la maîtresse en donnant la réponse qu’elle attend pour laquelle ils obtiendront un sourire et des félicitations. Ils sont dans la dépendance par rapport aux grandes personnes et dans ce qu’on nomme en A.T. l’Enfant Adapté, face au Parent du maître qui lui dit ce qu’il doit faire. Or l’éducation vise à développer l’autonomie et la capacité de penser et se conduire par soi-même . Nourrir l’état du moi Adulte suppose de renoncer à faire deviner ce que l’on attend. En expliquant cela, l’institutrice agit sur les deux enfants et sur toute la classe. Elle contribue à créer un climat de coopération pour apprendre, en distinguant les moments où on vérifie les acquis et ceux où on travaille ensemble. Elle joue tantôt du Parent qui met en place les règles du groupe et les fait respecter, protège les enfants, mais aussi les nourrit affectivement et intellectuellement , tantôt de l’état du moi Adulte quand elle les entraîne à penser.

Moi-même, en m’appuyant sur l’observation de ce que je vois et j’entends, je travaille avec l’Adulte et j’aide l’enseignant à progresser, s’il le souhaite. La plupart d’entre eux sont stimulés par cet échange. Certains cependant évitent de s’engager dans une relation de type égalitaire avec l’inspecteur ou avec les enfants. C’est leur droit.

Le contrat en Analyse Transactionnelle

Je voudrais dire maintenant quelques mots du contrat. Faire de l’A. T., c’est expliciter. Or dans les métiers de l’éducation, les contrats ne sont pas explicites. A quoi nous engageons-nous ? Quelle est la réciprocité ? Les enseignants ont un contrat de travail avec l’institution qui les rémunère. Les parents ont un contrat avec l’institution qui a créé l’obligation scolaire et propose diverses modalités de formation. Mais les enfants sont obligés de venir à l’école. Certains sont motivés pour apprendre, d’autres non.

L’Analyste Transactionnel travaille sur contrat, dans une relation de réciprocité. Ce contrat n’est pas seulement financier (contrat d’affaire). Il concerne les buts que le client veut atteindre, ce qu’il veut changer ou apprendre ; il précise comment le client et l’Analyste transactionnel pourront vérifier que ces buts sont atteints. Le thérapeute partage ses outils théoriques et offre sa compétence. Il vérifie que le but désiré est légal. Il est lui-même soumis à des règles déontologiques, il est en supervision constante et appartient à une association qui forme ses membres et délivre les attestations d’exercer. Le contrat est protecteur et efficace parce que chacun met dans la relation l’énergie, la compétence et que la protection est assurée pour les deux, Analyste Transactionnel et client.

A l’école aussi , pour que le but de parvenir à l’autonomie et de réussir , qui est celui de l’éducation, soit atteint , il est important que les trois Etats du Moi des partenaires soient engagés dans la relation et que la responsabilité de chacun dans le résultat soit précisée.

Conclusion

L’A.T. est donc d’une grande utilité pour se comprendre, comprendre ses relations avec les autres, observer la communication et avoir un éventail de choix pour intervenir en fonction de la situation et du contrat qui lie les parties.Elle implique une double écoute de ce qu’on ressent et de ce qui se passe et qu’on fasse des hypothèses à chaud sur les processus relationnels en cours, en se fiant à son intuition et à son expérience pour intervenir avec bienveillance et efficacité.

Quels ouvrages consulter ?

Eric Berne : Analyse Transactionnelle et psychothérapie. Editions Payot
Gysa Jaoui : Le triple Moi . Editions Laffont
Fanita English : Analyse Transactionnelle et émotions, Editions EPI
Jacques Van de Graaf, Manette Krack, Salomon Nasielski : L’Analyse Transactionnelle, Méthodes d’application en travail social et en psychologie clinique.. Editions Privat

Agnès Le Guernic est Analyste Transactionnelle certifiée par l’association européenne d’Analyse Transactionnelle, dans le champ de l’éducation. Elle a exercé comme inspectrice et comme formatrice d’enseignants dans le domaine de la communication. Elle est formatrice et superviseur agréée par l ’ association européenne d ’ AT depuis 2002. Elle exerce à Paris.

Cet article a été publié dans le numéro de janvier-février 1994 du magazine INTUITIONS

L’OKness et les enseignants

Auteur : Nicole Pierre T.S.T.A.E.

Je travaille avec des enseignants qui, parfois, devant les difficultés de leur métier, s’interrogent sur l’OKness.

Dans « Que dites-vous après avoir dit bonjour » Berne parle du sentiment d’Okness et de sentiment de non-Okness. La traduction réductrice « être quelqu’un de bien » et « ne pas être quelqu’un de bien », a un aspect moralisateur propre à dérouter l’enseignant. Je préfère la proposition de Gysa Jaoui de parler de philosophie de la pratique .

Dans cet article, je partirai d’un témoignage d’un professeur d’anglais en collège, Nadine, pour vous faire part de mes réflexions sur l’OKness et les enseignants.

Nadine arrive dans un nouvel établissement, après un déménagement.

« Là bas, c’était très facile. J’étais habituée à ce qu’on encense tout ce que je faisais. Je pensais qu’en arrivant avec « une haute technicité », tout se passerait au mieux et j’ai trouvé des élèves très faibles, au comportement difficile. Alors, j’ai crié pendant deux semaines et eux continuaient à semer le bazar. J’avais mal à l’estomac, je tremblais en sortant de cours. Même les parents s’y sont mis. Là bas, je n’utilisais pas le livre et les parents ne disaient rien. Te rends tu compte ! Ici, ils m’ont demandé quelle méthode j’utilisais et quels étaient mes objectifs ! A tous points de vue, je me sentais en insécurité : une nouvelle maison, un nouveau collège, le stress… j’ai même cassé ma voiture ! J’étais intellectuellement préparée mais… »

Que s’est-il passé ? De la position +/+, dans son ancien établissement, Nadine passe successivement en +/-, puis en -/-. Pendant un temps, elle n’a pas trouvé les moyens de s’adapter à un cadre nouveau et a perdu confiance dans ses capacités. En se reconnaissant tout d’abord impuissante dans ce contexte, elle a su ensuite élargir son cadre de référence, se centrer sur l’élève, lâcher ses exigences, repenser son enseignement et retrouver sa puissance.

Il est important de reconnaître que l’enseignant doit tenir compte de deux paramètres : la relation à l’élève et la transmission du savoir. L’enseignement, c’est une relation où quelqu’un enseigne à quelqu’un d’autre qui est là pour apprendre. Le lien entre l’enseignant qui donne le savoir et l’enseigné qui reçoit, est la relation, sans laquelle, la transmission du savoir ne peut se faire avec partage d’énergie.

Si l’analyse transactionnelle donne à l’enseignant des outils pour gérer sa classe avec Protection (le contrat), Permission ( de fonctionner différemment, de lâcher les illusions, la toute puissance ), pour enseigner dans une Puissance partagée, il n’en reste pas moins la réalité avec ses difficultés liées aux problèmes de niveaux, de discipline, de milieux, de cultures différents etc … L’OKness de l’enseignant est en lien avec sa capacité à gérer ces problèmes, à trouver les moyens de remplir sa mission et nécessite … beaucoup d’énergie.

Je pense à une amie qui enseigne en « zone sensible », parce que, dit-elle , « je crois que je les comprends , c’est pas des mauvais garçons, et pourtant, souvent, je me demande comment faire pour les accrocher ! »…

En quoi va consister le sentiment d’OKness pour les enseignants ?

« La vie est précieuse. Tout être humain a de la valeur, est important et doit être pris en pleine considération » rappelle Nancy Porter

L’OKness par rapport à l’apprenant, c’est prendre la personne là où elle en est, comme le préconise Peg Blackstone : « Pour établir une relation ‘je suis OK-tu es OK’, pleine de sécurité, il est vital que non seulement le thérapeute [ ou l’enseignant] considère la personne avec cette clarté et cette sympathie mais aussi que celle-ci apprenne à se voir elle-même de cet œil positif. »

C’est aussi considérer l’enseignement avec la notion de James Allen « la sensibilité constructionniste » qui déplace le centre d’intérêt vers le présent et vers les possibilités futures, plutôt que vers le passé et vers les manques avec accents sur les points forts et les possibilités.

Je veux rendre hommage aux enseignants qui arrivent à gérer la relation à l’élève en utilisant l’analyse transactionnelle, qui savent recadrer, qui tentent de pratiquer ce qu’on pourrait appeler « un parentage OK » , qui partent de ce que les élèves savent et pour qui l’école est avant tout un lieu de contact, de relation, de socialisation, de vie, comme en témoigne Annie : « Je ne suis pas pressée de partir en retraite. J’aime bien être avec mes élèves. Oh, ce n’est pas toujours facile ! Quand je pense à ma classe de 5°, cette année …, ils sont bien faibles mais je me sens bien avec eux et je crois qu’eux aussi sont bien avec moi. »

Est-ce cela le sentiment d’OKness ?

Bibliographie

BERNE E., Que dites-vous après avoir dit bonjour ? » Ed. Tchou, pp.76-77 .
JAOUI G., Accusation dérive sectaire, AAT n°110, p. 64.
Porter, N., Que signifie « Je suis OK – Tu es OK », p 27, ( orig. TAJ, 1981), AAT n° 21, p 26 -28 .
Blackstone, P., l’Enfant dynamique : intégration de la structure de second ordre, des relations d’objet et de la psychologie du soi, p 140, (orig. TAJ, 1975, 1993), AAT n°92, p.125-142.
Allen, J et B, Un nouveau type d’analyse transactionnelle : une version du travail sur le scénario à partir d’une sensibilité constructionniste ( orig. TAJ, 1997) AAT n° 93,p 7-18.
Voir le conte de Von Varga, G., Des princes ….ou des principes, AAT n° 20, p 171-174, à partir duquel j’invite les enseignants à réfléchir sur leur fonction .